Jeu du samedi 16 septembre

Bravo à Peggy qui est extrêmement proche de la bonne réponse ! 

Il s’agit bien de bas ayant appartenu à la reine Elizabeth I d’Angleterre. Ce ne sont pas les premiers bas tricotés pour elle à la machine à tricoter mais ils sont un bon prétexte pour faire mon Père Castor et vous raconter une petite histoire. 

Remontons un peu dans le temps. L’élevage ovin organisé pour la laine date en Angleterre du XIIe siècle, quand les moines Cisterciens traversèrent la Manche depuis la France et se mirent à fonder de grandes fermes spécialisées dans l’élevage de moutons. En 1300, on comptabilisait plus de 200 monastères impliqués dans la production lainière et son exploitation commerciale, qui était au départ locale est vite devenue un commerce international impliquant de gros contrats. 

Quand Henry VIII (père de la reine Elizabeth I), en 1539, fonda l’Eglise d’Angleterre refusant l’autorité du Pape, il en profita pour confisquer toutes les propriétés de l’Eglise. Le commerce de la laine, privatisé, fut confié à partir de là à de riches marchands proches de la couronne. 

Il faut se rendre compte qu’à l’époque dans le pays, le travail de la laine représentait la moitié de l’activité professionnelle globale du pays. On élevait, tondait, lavait, tissait et aussi, on tricotait à la main. Les vêtements tricotés étaient vendus en Angleterre, mais aussi à l’étranger. 

En 1589, l’ingénieur William Lee inventa la première machine à tricoter les chaussettes de laine. La légende raconte que sa fiancée, trop absorbée par sa passion pour le tricot, le délaissait au profit de ses chaussettes et que c’est pour qu’elle lui dégage du temps qu’il eut l’idée de la machine. Si vous voulez mon avis c’était peine perdue, nous sommes ici bien placées pour savoir que quand on a la passion du tricot ce n’est pas une machine qui pourra nous arrêter… 

L’invention étant quand même révolutionnaire, Lee la présenta à la reine Elizabeth. Sa réaction fut un peu décevante puisqu’elle lui refusa le brevet d’exploitation de la machine par peur de mettre en danger l’activité de nombreux de ses sujets. 

« My Lord. I have too much love for my poor peoples, who obtain their bread by the employment of knitting to give my money to forward an invention which will tend to their ruin, by depriving them of employment, and thus make them beggars. » aurait-elle répondu. 

Elle lui proposa de se présenter de nouveau avec une machine qui pourrait tricoter de très fins bas de soie et de laisser les chaussettes de laine aux tricoteurs. La photo que je vous ai présentée est une des paires de bas de soie passées par la reine. 8 ans plus tard, Lee réussit à présenter une machine assez fine pour tricoter la soie mais l’histoire ne s’est pas très bien terminée pour le pauvre bougre. Elizabeth, un peu peau de vache sur ce coup et en restriction budgétaire pour cause de guerres coûteuses, refusa d’investir dans le développement d’une une invention qui allait finalement servir à très peu de ses sujets car il faut savoir que selon un décret de son père : 

« None under the degree of a Baron, or a Baron’s son, or a gentleman attending her Majesty, shall wear nether stocks made of silk nor shall any woman under the degree of Baroness, or her daughters, wear silk hose »… 

Un peu déprimé, William Lee émigra en France. Il aurait monté un atelier de tricotage à Rouen, mais on a un peu perdu la trace de la fin de ses aventures. 

Pour la question de cette semaine, restons en Angleterre avec ce petit bout de tricot : 

Pouvez-vous m’en parler ? 

Bonne semaine et bonne chance !

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